La poupée de chiffon ~ Sound of forgiveness

Parce que je lui en avais parlé sur un coup de tête et parce qu’elle ne se doute pas que ce que je dis a souvent un fondement, aujourd’hui je viens te parler d’une fille un peu spéciale, cher blog.
On l’appellera Jolie Poupée. Parce que TMTC. Mais aussi parce que, tu me connais, chéri, on balance pas les blazes pour faire joli par ici.

La première fois que j’ai rencontré Jolie Poupée c’était à mon arrivée en BTS, avec une semaine de retard parce que mon école de champion ne m’avait pas prévenue de la rentrée.
En vérité, il m’a fallu plusieurs jours avant de me rendre compte de son existence. Parce que, toi même tu sais que, je m’en bats pas mal les ovaires des gens qui m’entourent. Le temps d’adaptation, l’acclimatation, les vrais bailles en somme…
Mais, il fallait bien que je réalise que cet entourage allait me coller aux basques pour deux ans. C’est là que j’ai découvert l’existence de Jolie Poupée. je m’en souviens particulièrement bien parce que, justement ce jour-là, elle m’avait grave cassé les couilles.

On était en train de peindre des pommes en cours de studio d’édition (toi non plus tu comprends pas pourquoi, pas vrai ?) et j’étais installée à une grande table où Jolie Poupée et son amie se trouvaient aussi. Prise dans ma peinture, j’écoutais pourtant d’une oreille distraite ce que les deux gamines qui babillaient pouvaient avoir à dire pour que leur débit soit aussi dense.

Tu vas pas l’croire.
Elles parlaient de Supernatural, mon frère.

Le sujet avait de quoi être intéressant mais, merde, elles parlaient beaucoup trop et, après une année sans voir la lumière du jour et sans parler à plus que mes deux colocs de l’époque, leurs voix me semblaient plus insupportables que des ongles sur un tableau noir.

Tu vois où je veux en venir, pas vrai ? Jolie Poupée était du genre à parler. A parler beaucoup et d’une voix de crécelle. Mon premier constat avait été de me dire que j’avais tout intérêt à l’éviter toute l’année. Ce qui me poussa à changer de table pour les mois à venir.

Là tu te dis : « Mais wesh, Soudy, t’aimes personne, qu’est-ce qui t’a fait changer d’avis ? »

Déjà, laisse-moi te le dire : Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Ensuite : il m’a fallu plus d’un an pour que mon avis sur elle évolue ; surtout parce que pendant presqu’un an j’avais fait en sorte de ne pas fréquenter les gens de ma classe (désolée pour ça, d’ailleurs, les gars). TMTC, hein.

Bref, j’m’égare.

A plus d’une occasion, Jolie Poupée, les gens de ma classe et moi nous retrouvions à table le midi. Moment de complicité qui, parfois, dérivait sur nos vies personnelles. La vie de famille, la vie de couple, la vie au travail… Mais, pour Jolie Poupée, c’était surtout l’occasion de nous faire des confessions sur sa vie amoureuse. Je sais pas vraiment à quel moment ses confessions évoluèrent suffisamment pour qu’elle en vienne à parler de sa sexualité, mais le pas est franchi de longue date désormais. Difficile de passer outre.

Toujours est-il qu’à cette époque-là, je n’étais toujours pas convaincue par Jolie Poupée qui, toujours, parlait trop, s’épanchait trop, se mettait trop en avant et jouait de ses compétences d’actorat pour se faire passer pour plus naïve qu’elle ne l’était réellement. Tu me connais maintenant, Blog, tu sais bien que j’écoute plus que je ne parle. Avec elle, c’était une constante qui ne connaissait pas d’échange. J’avais eu suffisamment de temps passé en sa compagnie pour l’étudier. Mais, Internet étant ce qu’il est, je t’épargnerais ces détails.
En définitive, à cette époque-ci, Jolie Poupée était tolérée plus qu’appréciée dans mon cœur.
Surtout avec sa passion grandissante pour ses histoires de cul qu’elle pouvait raconter sans se lasser ! Franchement, Jolie Poupée n’avait jamais su faire la part des choses entre ce qui se raconte à des amis proches se qu’on omet de dire à des potes de classe.

Alors qu’est-ce qui créa cette tangente entre la tolérance et l’amitié ? Franchement… J’en sais pas grand chose. L’habitude, peut-être ? L’évolution ? J’sais pas. C’est bête hein. Je sais seulement que ma vision sur elle avait déjà changé lorsque la fin de nos deux années de BTS fut fêtée.

Ce dont je suis sûre en tout cas, c’est que lors de ma rentrée en UX, elle était là et j’avais le sentiment d’avoir une pote et pas la chiante de service à mes côtés. C’est là que je me suis rendue compte de choses que j’avais à peine remarqué et c’est finalement pour ça que ce post un peu con-con voit le jour.

Jolie Poupée avait pas mal de fêlures. J’extrapole probablement pas mal de truc, hein. Mais cette article c’est un peu ma vision des choses, après tout. Elle parlait de sa passion pour les chevaux, de sa prochaine sortie pour son job d’appoint, de son père, de ses relations avec les mecs mais, jamais, elle ne venait à nous parler de ses sentiments. Et pourtant, parler d’elle c’est un peu une passion dans la vie.

C’est tout con, hein. Mais Jolie Poupée ne pleure pas, elle sourit beaucoup ; mais elle ne pleure pas. Parfois elle est énervée mais quand tu y regardes de plus près, c’est de l’emphase plus qu’autre chose. Il lui arrive même d’être un peu maussade mais ça ne dure jamais plus longtemps qu’une pause clope ; revient alors le sourire.
Non, Jolie Poupée ne pleure pas et fait bonne figure devant tout un chacun. Même quand une amie la déçoit, même quand l’homme qu’elle aime est la pire merde de l’univers, même quand elle rate un projet. Garder la tête haute, faire la fière, lever les yeux au ciel et faire la moue. Jolie Poupée est une bonne actrice mais elle a des trémolos dans la voix qui ne trompent pas.

Alors… Qu’est-ce qui me rends si cul-cul quand je parle d’elle ? Parce que, soyons honnête, elle a tout l’air d’être super chiante et égocentrique, franchement… Meh… j’sais pas.
Elle est chiante, parle beaucoup trop, part au quart de tour, tombe sous le charme des mecs tous les deux matins et conduit comme un cul ; ça fait pas mal de points négatif. En plus elle parle tout le temps de son cheval et passe sa vie sur les réseaux sociaux. Et moi, les réseaux sociaux, c’est un peu mon antithèse…

Jolie Poupée a un côté très expansif. Elle parle fort, aime être le centre de l’attention et ne sait pas rester en place. C’est ce côté expansif que j’aime bien chez elle. Là tu te dis que je sais pas être d’accord avec ce que j’ai dit plus tôt. C’est pas faux. Mais c’est pas tout.
Jolie Poupée c’est un peu cette pote qui veut que tout aille bien pour les autres parce que ça fait plus ou moins parti de sa jauge de bonheur personnel. Elle est pleine de petites attentions, elle offre, elle aide, elle fait ce qu’il faut pour que l’Autre ne soit pas lésé.
C’est ça qui fait qu’elle compte un peu dans mon cœur de pierre. Même si tout ne tourne qu’autour d’elle, elle trouve le moyen de se faire pardonner en étant attentive aux autres.

Et pourtant, parce que j’ai décidé d’être toute pleine d’honnêteté, l’histoire ne s’arrête pas à ce que je pense d’elle. Il va falloir que je donne un avis sur tout ça. Parce que, d’après mon directeur de mémoire, un texte doit avoir un parti-pris. (Nique bien ta mère, d’ailleurs, directeur de mémoire de ta race.)

Jolie Poupée fait parfois semblant d’être naïve mais je reste persuadée qu’elle l’est quand même à ses dépends. Parce que, comprenons-nous bien à ce sujet : elle n’est pas stupide. Insipide, elle peut l’être -souvent- mais stupide, ça non.

Jolie Poupée a des Jolis Amis.
Qui, soyons honnêtes, n’ont pas toujours les mots tendres quand ils parlent d’elle. Éh, je suis loin d’être un exemple, alors tu peux bien m’inclure dans ces Jolis Amis qui parlent parfois dans son dos. Mais, tu me connais, Blog, j’écoute plus que je ne parle (bis). Alors tu imagines bien que ceux qui parlent, je les écoute avec attention et je n’en perds pas une miette.

Viennent alors les réflexions sur sa manière de travailler, sa manière d’agir, ses antécédents, ; on la juge plus qu’on ne prend la peine de la critiquer. Et, rappelle-t-en, critiquer ça n’a rien de péjoratif quand on sait user des bons mots. Mais… Les Jolis Amis, j’ai pas l’impression qu’ils le sachent.
Je passe pour celle qui pointe du doigt, certes, mais c’est parce que je ne dis jamais ce que je pense sur ce genre de choses. J’ai bien trop longtemps été la victime de racontards pour passer du côté obscure. Mais, crois-moi, je ne suis pas blanche comme neige.

Passons à la suite. Tu veux savoir qui elle est ; dans la dimension psychologique que je perçois, pas vrai ? C’est vrai que j’tourne autour du pot mais, éh ! c’est mon style, ça.

Jolie Poupée est mignonne. Pas d’une beauté transcendante, hein, mais elle a un charme qui se joue sur ses yeux. C’est dommage qu’elle se tartine autant le visage, elle a une meilleure mine quand elle reste nude.

Jolie Poupée a un débit de parole supérieur à une sulfateuse. Rarement elle me parle de choses intéressantes mais… Ça m’occupe l’esprit de l’écouter. Alors j’écoute, je souris, je partage. Souvent, elle ramène le sujet à elle, même quand ça n’a pas de rapport. Dans ma tête, j’imagine que c’est parce qu’elle a besoin d’attention ; comme un chat qui n’a pas eu sa dose de caresse sur le crâne.  Il faut d’ailleurs le préciser : sa sulfateuse laisse aussi la place à des blagues potaches à l’humour gras qui déride tout un chacun. Et ça, ça n’a pas de prix. Ça serait mentir que de te dire que ça ne m’agace jamais. Mais j’ai les mots fermes pour qu’elle le comprenne et, dès lors, elle fait attention.

Parce que, n’oublie pas, Jolie Poupée est attentionnée. Elle offre des chaussettes, des baumes à lèvre, des paquets de clope. C’est quelque chose de rare chez les gens égocentriques. Alors, probablement qu’elle ne l’est pas autant que ce qu’on imagine.

Jolie Poupée a, par contre, un défaut très marqué (mise à part sa voix geignarde). C’est le besoin qu’elle a de ne pas être seule. Célibataire, si tu préfères. Les hommes c’est, après son cheval, son principal sujet de discussion. Le problème avec ça, c’est qu’elle ne sait jamais quand calmer le jeu. Qu’ils aient une petite bite, une sexualité étrange, une orthographe approximative, Jolie poupée tombe quand même dans le panneau du coup de foudre au premier regard. Elle voit de la drague quand il n’y a qu’un échange de politesse. Elle imagine que coucher est une fin en soi, qu’une relation peut se bâtir à l’envers.
Mais, surtout, elle n’écoute pas les conseils que prodiguent ses Jolis Amis au sujet de ses relations (alors qu’elle les demande, ces foutus conseils !). Ils sont de bon aloi, généralement. Alors pourquoi n’en fait-elle qu’à sa tête ? Pfouh… J’ai quelques théories sur le sujet. T’es prêt à les entendre, Blog ?

Il y a une possibilité pour que Jolie Poupée ait besoin de vivre des aventures pour se sentir exister ; histoire d’avoir des choses à dire, histoire de ne pas être qu’une oreille attentive mais une bouche qui prodigue. Ça rentrerait dans le sens de ce que j’ai déjà raconté.
Il y a aussi une possibilité qu’elle ait envie (!) de ces relations bancales. Peut-être pour être celle qui prouvera qu’elle peut y arriver contre vents et marrés. Peut-être parce que l’adrénaline lui monte au cerveau quand elle vit une situation atypique. Probablement parce que c’est une manière comme une autre de parler d’elle sous la fausse excuse de la demande de conseils.

Finalement, ça doit être ses défauts plus que ses qualités qui forgent les desseins de Jolie Poupée. Et c’est aussi à cause de ça qu’elle rejoint le cercle très fermé des gens à qui je parle.

Mais, tu connais le dicton, Blog : 
« T’es là ou t’es pas là ? T’es pas là bah où t’es qu’t’es ? Où c’est qu’t’es ? T’es pas là ? T’es là où t’es pas là, avec un T comme Tuche ! Comme : t’es là ! Tuche ! T’es là ! »

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